L’écriture au CP nécessite un réel apprentissage, avec entraînements réguliers. Vous ne pouvez donc vous contenter de laisser les élèves face à leur modèle sur le cahier, sans quoi vous risquez de faire une belle récolte de lettres mal formées, de ronds à l’envers et de mots écrits lettre à lettre.

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Le dernier article vous a parlé de la tenue du crayon, ainsi que des règles de formation des lettres et des mots, selon la méthode de Danièle DUMONT. Voyons maintenant comment les mettre en pratique au cours des séances d’écriture. En fin d’article, je vous propose aussi des modèles de lignages pour toute l’année, à remplir selon votre progression.

Les séances d’écriture en début d’année

Progression hebdomadaire

Étant donné que j’utilisais le fichier d’écriture de « Chut je lis CP », je m’y prenais de la façon suivante :

— Le lundi, écriture d’un ou deux mots

–– Le mardi, écriture de la lettre correspondant au son étudié puis copie d’un mot.

–– Le jeudi, écriture de la phrase, sur ardoise uniquement.

–– Le vendredi, copie de la phrase sur la fiche.

Parfois, j’ajoutais des mots en cours de semaine en fonction de notre vécu de classe.

Progression quotidienne

Soyons honnête, les séances de début d’année sont longues : comptez une bonne demi-heure en moyenne. C’est le juste prix à payer si vous voulez des élèves qui écrivent selon les règles énoncées dans le dernier article. Le déroulement est pratiquement toujours le même :

— Le mot est écrit en gros au tableau, en utilisant des couleurs. Je rappelle que le principe est de changer de couleur de craie chaque fois qu’on est obligé de lever le crayon.

 

En même temps que je copie le mot, j’explique chaque geste. J’avoue humblement ne pas utiliser la terminologie exacte prônée par Danièle Dumont. Par exemple je garde le terme de canne (en référence à la canne de parapluie) plutôt que celui d’étrécie car ça parle moins aux élèves. Pour le v, je parle de vague (pour la vague, je monte, je tourne, je descends et je remonte…) Je pense que la dame hurlerait si elle lisait ça mais l’essentiel selon moi est d’avoir le bon geste…

— Ensuite je me place face aux élèves et je forme le mot dans l’espace, toujours en commentant chaque geste. Évidemment, il faut « écrire » en miroir, avec la main gauche. Ça demande un peu d’entraînement au début mais l’habitude vient vite.

— Toute la classe forme le mot en l’air en même temps que moi, deux ou trois fois, lentement, toujours avec les explications orales. Attention, le but n’est pas de former un mot minuscule avec le bout de l’index. Au contraire, le geste doit être ample avec tout le bras, pour bien mémoriser l’enchaînement des mouvements. On part du plus grand pour aller vers le plus petit. Avec un peu d’entraînement, vous verrez vite les gestes mal adaptés et pourrez demander à les faire rectifier. Il m’arrive de dire aux élèves qu’ils peuvent imaginer écrire le mot avec une épée laser. Ça les incite à faire du mieux qu’ils peuvent.

 

— Les élèves écrivent ensuite le mot en gros sur l’ardoise, trois fois. Quand le bon geste est acquis, je leur demande de le copier encore trois ou quatre fois en réduisant la taille.

— La séance se termine par la copie du mot sur feuille, à l’intérieur des rails.

 

À lire comme ça, je sais que ça paraît fastidieux. Disons que ça demande à l’enseignant une bonne dose d’énergie mais rassurez-vous, les élèves adorent. Je le mesure toujours dans mes groupes de remédiation.

Les séances d’écriture en milieu d’année

Le déroulement hebdomadaire reste le même. Vers le mois de janvier, les séances quotidiennes sont plus courtes car les élèves connaissent bien les procédures d’écriture. C’est le moment d’apporter un peu de changement. Par exemple, vous demandez à la classe d’anticiper, c’est-à-dire de trouver combien de levers de crayon seront nécessaires pour écrire le mot demandé. Ou encore un peu plus tard dans l’année, vous copiez le mot en couleurs, le faites épeler par plusieurs élèves, puis le cachez et demandez à tous de l’écrire sur l’ardoise.

Le meilleur moyen, à mon sens, de vérifier l’automatisation des procédures est d’observer les élèves pendant les séances d’expression écrite. Et je peux vous assurer qu’avec cette méthode, ils gagnent en assurance, en fluidité et en qualité d’écriture.

Mais je vous entends d’ici : « Et comment fait-on quand on a un cours double ? » J’ai vécu cette situation avec des CP/CE1. Voici, à titre indicatif, comment je m’y prenais.

Les séances d’écriture en cours double

Elles sont forcément plus courtes qu’avec un cours simple car il est compliqué de laisser un groupe seul plus de 20 mn, surtout en début d’année.

LUNDI : Les CE1 font de la copie en autonomie pendant que vous êtes avec les CP. Au début de l’année, ils doivent encore s’entraîner à transcrire un texte script en cursive. Plus tard, cette séance peut être dédiée à copier une strophe de poème. Pendant ce temps-là, vous vous contenterez avec les CP des phases d’écriture dans l’espace et sur ardoise.

MARDI : Cette fois ce sont les CP qui sont en autonomie ; ils copient les mots étudiés la veille sur la feuille ou le cahier. Le modèle en gros et en couleurs est disponible au tableau. Pendant ce temps, vous entraînez les CE1 à la formation d’une lettre majuscule, en reprenant la procédure évolutive : écriture dans l’espace, sur l’ardoise en gros, sur l’ardoise en plus petit et enfin sur le cahier, avec le lignage.

JEUDI : Les CE1 écrivent une suite de noms propres copiés au tableau, et commençant par la majuscule étudiée. Avec les CP, vous travaillez la formation de la lettre vue en phonologie, puis d’un mot contenant le son de la semaine.

VENDREDI : les CP copient sur feuille lignée ce qui a été travaillé la veille sur ardoise pendant qu’avec les CE1, vous faites de l’écriture guidée, ou une dictée de mots.

Les modèles d’écriture

Je l’ai dit plus haut, j’utilisais le fichier d’écriture attaché à la méthode « Chut je lis ». Un vrai confort de ne pas avoir à préparer vingt-cinq cahiers ! Pour autant, il m’arrivait de faire écrire d’autres mots, par exemple après la lecture d’une recette ou d’une fiche documentaire. J’avais donc établi des fiches avec les lignages correspondants à l’évolution de chacun. Pour le modèle, j’utilisais la police « cursive standard ». Je sais qu’il y en a d’autres peut-être plus adaptées, mais à l’époque (oh là là je me sens vieille quand je dis ça!) c’était celle qui s’approchait le plus des procédures attendues. Elle a quand-même ses défauts, par exemple le o, avec ce que Danièle Dumont appelle un œilleton, qui descend un peu trop bas. D’ailleurs, souvent les élèves le confondent avec un a.

NB : à propos de ces fameux œilletons : ce sont ce qu’on appelle des « petites boucles », à tort, du reste. On les trouve notamment sur le r, le b, le z et parfois le s. Personnellement, je ne les faisais pas former, pour éviter de récolter ça, pour le mot biberon. Je précise que c’est la préconisation de Danièle Dumont. Mais revenons à la « cursive standard ».

Si vous décidez de l’utiliser, il y a deux éléments très importants à connaître. Admettons que vous vouliez écrire « les petites feuilles grises ». Voilà ce que ça donne :

Et voilà ce que ça devrait donner :

Comment faire ?

— Il faut taper sur le petit 2 en haut à gauche de votre clavier pour obtenir le trait d’attaque. C’est la touche qui est juste à gauche du 1/&.

— Pour obtenir les s de fin de mot qui ne doivent pas se terminer par un trait d’attaque, il faut taper sur la touche $.

Je vous livre donc mes modèles, en version en A4 car dans ma classe, les élèves travaillaient essentiellement sur fiches. Elles étaient ensuite collées dans un cahier 24×32. Je n’ai pas de modèle disponible pour des cahiers A5 mais si vous êtes intéressé(e), je m’y mettrai sans problème.

 

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fiche écriture 3.5 page complète

lignes d’écriture 2.5        lignes d’écriture 3.5        lignes d’écriture 4.6 lignes grisées

lignes d’écriture 4.6        seyes 2.5        seyès 4 mm

N’hésitez surtout pas à vous servir de l’informatique. Je rencontre encore des enseignants qui ont l’impression de ne pas faire leur travail s’ils ne passent pas une heure à préparer les modèles d’écriture au stylo rouge. À chaque fois, j’ai envie de leur rappeler qu’on est au vingt et unième siècle et que leur énergie pourrait être utilisée à des fins plus judicieuses.