Vous rêvez d’avoir des élèves qui tiennent correctement leur crayon et acquièrent une écriture fluide et bien lisible ? Je vous livre ci-dessous la méthode que j’employais quand j’avais ma classe. Vous allez découvrir quelques principes simples mais rigoureux qui faisaient merveille !
C’est en découvrant le grand melting-pot du tout et n’importe quoi dans mes groupes de remédiation, que je me suis décidée à écrire cet article. En effet, les élèves tenant mal leur crayon et ne formant pas les lettres correctement étaient autrefois les exceptions. Aujourd’hui la tendance s’est inversée et on aurait presque envie de chanter « Alléluia » (bon d’accord j’exagère un peu) quand l’un d’eux échappe à cette tendance.
Je vous propose donc deux articles en trois parties : celui d’aujourd’hui vous parlera de la tenue du crayon, de la posture du scripteur, et des règles d’écriture (lettres et mots entiers) inspirées de la méthode Danièle DUMONT. Le prochain article sera dédié au déroulement d’une séance d’écriture au CP. Car je le dis dores et déjà, il faut VRAIMENT accompagner les élèves dans leur apprentissage, sinon toutes les règles du monde n’y feront rien.
NB : au départ j’avais tout mis dans le même article mais il était vraiment trop long…
Tenue du crayon et posture du scripteur
Je sais et j’entends souvent, que les enseignants peuvent se sentir découragés devant l’ampleur de la tâche. On pourrait presque établir un catalogue des différentes façons de tenir le crayon tant elles sont nombreuses et même parfois « originales » !
Pour autant, on ne peut échapper à la nécessité de redresser les mauvaises préhensions, d’abord pour l’enfant lui-même. S’il rechigne au début chaque fois qu’on le reprend, il ne tarde pas à adhérer au « bon geste » pour le confort qu’il finit par y trouver : soit il voit (enfin) ce qu’il écrit, soit la pression qu’il exerce sur l’outil scripteur est plus efficace et moins fatigante. Quant à la qualité de l’écriture, on n’en parle même pas ! Il est donc très important de ne pas baisser les bras. Pour ça, chaque séance d’écriture commence impérativement par la vérification de la bonne tenue du crayon. D’autre part, il faut veiller à ce que le poignet soit posé sur la feuille pour pouvoir effectuer les mouvements nécessaires de façon stable.
Gymnastique de la main
En début d’année, il n’est pas inutile de faire effectuer quotidiennement des gestes d’assouplissement de la main, pour (re)muscler celle-ci. On sait que de plus en plus d’enfants sont hypotoniques à cause de l’utilisation intensive des écrans, au détriment des jeux de manipulation. Ça peut être :
— Ouvrir et fermer la main de plus en plus vite.
— Replier l’auriculaire de chaque main, puis l’annulaire, puis le majeur, l’index et enfin le pouce. D’abord très lentement, puis de plus en plus vite.
— Montrer « trois » sur chaque main en repliant les deux derniers doigts et en laissant les autres bien ouverts (important pour la suite…)
— Etc…
J’ajoute à ceci que certaines activités doivent être laissées au soin des élèves, même si ça « perd » du temps. Ça en prend, mais ça n’en perd pas. Je pense au découpage et au pliage des feuilles qui par exemple doivent être collées dans le cahier de liaison. La motricité fine est loin d’être bien maîtrisée aux abords du CP, il faut donc contribuer à l’entraîner encore. C’est aussi pourquoi les activités d’origamis sont si intéressantes. (Allez faire un tour sur l’étiquette « origami » à droite.)
Tenue du crayon
Voici la méthode que j’appliquais avec mes élèves (et que je continue à utiliser dans mes groupes) : d’abord, je demande de montrer « trois » sur la main qui écrit.
Ensuite, le pouce vient « faire la bise » au majeur sur le coin de l’ongle pendant que l’index reste en l’air.
Puis le crayon vient se poser comme sur la photo et l’index se referme pour l’empêcher de s’échapper.
Raconter une petite histoire plaît toujours et permet de mémoriser la suite des procédures. Les photos ci-dessus peuvent aussi servir d’aide-mémoire. Pour les enfants qui ne parviennent pas à garder les deux derniers doigts fermés, j’utilise le truc de la boule de cotillon. L’élève la coince entre l’annulaire et l’auriculaire au moment de faire trois et ne doit pas la perdre tout le temps qu’il écrit.
NB : Attention, le pouce ne doit pas passer devant l’index, c’est une tendance que je vois de plus en plus souvent.
Les règles d’écriture
Formation des lettres
Je l’ai dit plus haut, j’utilise dans les grandes lignes la méthode de Danièle DUMONT. Si vous n’avez pas envie (disons pas le temps) de lire ses livres, on trouve maintenant des vidéos sur YuTube faites par elle-même. On n’est jamais si bien servi que par soi-même, pas vrai ? En tout cas elles sont bien faites et très pédagogiques. Je vous mets un lien, qui vous emmènera vers d’autres.
https://www.youtube.com/watch?v=Vved4STyjLY
J’ai aussi trouvé cette vidéo très complète qui vous donnera l’essentiel de la méthode : http://videos.education.fr/MENESR/eduscol.education.fr/2016/Ressources2016/Francais/Geste_ecrit_entretien_Dumont.mp4
Tout ça pour dire que je n’ai pas l’intention de paraphraser Danièle DUMONT. Je me contenterai de rappeler quelques éléments clés qui serviront pour la suite de mes explications. Comme son nom l’indique, « la cursive est le nom donné aux graphies ayant un tracé rapide résultant de la simplification d’écritures « officielles » souvent en capitales. » (Wikipédia) Le Larousse quant à lui définit le mot cursif comme « fait d’une manière rapide, d’une seule traite ». L’objectif de l’écriture cursive est donc de lier les lettres entre elles pour gagner en rapidité. On a là le vrai sens des séances d’écriture : apprendre à écrire les mots en levant le crayon le moins possible. Ce qu’il faut donc retenir :
— Les lettres qui « obligent » à lever le crayon en cours d’écriture de mot sont le c et toutes celles qui commencent par un rond : o, a, d, g, q et le x.
— Ces mêmes lettres, quand elles sont en début de mot n’ont pas besoin d’un trait d’attaque, ce qu’on voit malheureusement encore trop souvent. En effet, ce trait sert à lier les lettres entre elles, il est donc parfaitement inutile en début de mot.
— Ces mêmes lettres encore doivent être écrites en une seule fois c’est-à-dire sans lever le crayon. Or cela n’est possible que si le point d’attaque se trouve à droite, comme pour démarrer un c, et non pas en haut.
— Particularité du s : si on applique la règle du lever de crayon a minima, il doit être permis de repartir vers la droite à la fin de la lettre pour continuer le mot.
Le problème avec les apprentis scripteurs est qu’on obtient souvent ça : c’est pourquoi pour ma part, je faisais lever le crayon après le s pour être sûre qu’il soit correctement fermé.
— Autre particularité : le p. Voici ce qu’on risque d’obtenir avec une lettre formée en une fois. J’avais donc fait le choix de le faire écrire en deux étapes avec lever de crayon. Maintenant, dans mes groupes de remédiation, je laisse le choix aux élèves, à condition que la lettre soit bien formée.
Écriture des mots
Au début du CP et encore en cours d’année, accompagner vos élèves pour l’écriture des mots est NÉCESSAIRE. Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Ça signifie que c’est à vous à leur donner les clés du lever de crayon, en leur montrant et en les faisant s’exercer sous votre surveillance. J’utilisais (et j’utilise encore dans mes groupes) une méthode simple mais efficace : le mot à écrire est copié en très gros au tableau, en changeant de couleur chaque fois qu’on doit lever le crayon. Certains mots seront donc écrits en une fois, tandis que d’autres nécessiteront un, deux, voire trois levers de crayon, comme vous le montrent les exemples ci-dessous.
Du coup, la barre sur le t, les accents et le point sur le i ne se mettent pas forcément aussitôt la lettre formée, sans quoi on perd en fluidité. Par exemple pour petit, on écrit le mot en entier avant de placer les barres et le point car l’enchaînement des lettres n’oblige pas à lever le crayon.
Par contre si j’écris le mot « tableau », je mets la barre dès que le t est formé puisque je suis obligé(e) de lever le crayon pour faire le a après le t.
Soyez sans crainte : cette méthode ne forme pas des scripteurs ne mettant plus jamais les points ou les accents si l’entraînement est régulier et bien mené. D’autre part, vous allez constater que vous n’aurez plus d’élèves faisant les ronds à l’envers. C’est juste magique !
Si des détails vous tourmentent, n’hésitez pas, je serai ravie de vous répondre car cette question de l’écriture me tient vraiment à cœur.
Merci beaucoup, c’était très intéressant !
J’aimeJ’aime
Et surtout, ça marche ! En suivant ces préceptes, vous verrez que vous aurez des élèves à l’aise dans l’écriture et bons scripteurs.
J’aimeJ’aime