J’ai repris et remodelé deux jeux élaborés par des collègues. L’objectif de ces jeux est de développer des stratégies de lecture pour entrer dans la compréhension et acquérir une meilleure fluidité. Découvrez-les vite !
Les deux jeux en question sont :
— La maison logique, que j’ai découvert sur le site dans mon cartable. (http://dans.mon.cartable.free.fr/Commun/articleConsult.php?max=0&motCle=42)
— Le jeu de la maison, trouvé sur l’école de Crevette. (https://www.ecoledecrevette.fr/le-jeu-de-la-maison-a88157827/)
Avant de vous les présenter plus en détails, je voudrais vous expliquer ce qui m’a amenée à ressortir ces jeux du placard, et en quoi je les trouve formidables.
Depuis la rentrée de novembre, j’ai en charge des élèves de CE1 en remédiation, pour qui le décodage est encore très très hésitant, avec beaucoup de confusions de sons. J’ai donc sorti toute mon artillerie personnelle pour travailler leurs difficultés avec eux. Or, j’ai constaté après plusieurs semaines qu’ils n’avançaient guère. Tout reste compliqué : un même mot rencontré plusieurs fois est systématiquement re-déchiffré, donc ânonné, et la lecture d’une phrase courte les met dans un grand état de stress. En effet, même après une ou deux lectures silencieuses, ils n’arrivent pratiquement jamais à une fluidité acceptable et ont souvent bien du mal à y mettre du sens.
Où est donc le problème, sachant que par ailleurs ce sont des enfants qui ne présentent aucune déficience, et lisent des syllabes isolées sans difficulté ?
Eh oui, se poser la bonne question, c’est déjà commencer à y répondre !
Leur problème est qu’ils sont totalement enfermés dans la logique de la combinatoire. Ils déchiffrent à tour de bras et en restent là. Du coup, leur empan visuel demeure très restreint, leurs yeux sautent de syllabes simples en syllabes simples sans jamais regarder le mot complet. Tout se passe comme s’ils avaient des œillères. Ils sont tellement focalisés sur le déchiffrage qu’ils ne peuvent activer leur mémoire immédiate. Du reste, comment le pourraient-ils puisqu’ils ne voient jamais un mot dans son entier ? On comprend alors pourquoi lire une phrase, même simple, est un vrai calvaire pour eux. Le déchiffrage à outrance, très coûteux en énergie, les a fermés à toute stratégie de compréhension : ils ne savent pas prendre les indices sémantiques ou syntaxiques qui pourraient les aider et bien-sûr, ne mettent jamais l’anticipation en œuvre.
Cela peut paraître très paradoxal et pourtant, la conclusion qui s’impose est que pour aider ces enfants à améliorer leur décodage, il faut les amener à développer les stratégies de compréhension.
C’est à ce stade de mes réflexions que j’ai sorti le jeu de la maison logique et, ô miracle, les premiers progrès sont apparus assez vite.
La maison logique
Présentation du jeu
Une maison à quatre pièces est représentée sur une fiche. Ci-dessous, je vous présente ma version graphique. maison logique A3 obj de la maison logique
Dans cette maison, il faut placer des objets parmi les treize proposés. Soit on n’en met que quelques-uns, soit il faut tous les placer, en suivant les consignes données sur une courte fiche. Petite précision : toutes les pièces doivent contenir un ou plusieurs objets, sauf si l’inverse est précisé dans la fiche.
Dans mes groupes, j’ai d’abord utilisé les fiches-consignes proposées par les collègues sur leur blog. Puis j’en ai créé d’autres, plus ou moins complexes, que je vous livre ici.
maison logique, textes 1 à 9 maison logique, textes 10 à 13
Les atouts du jeu
Tout d’abord, les phrases sont courtes et répétitives. Pour des élèves en difficulté, c’est idéal. Ensuite, les mots un peu « difficiles » à déchiffrer peuvent être trouvés par déduction : « Le chat est dans la cuisine. » par exemple. Le mot cuisine a posé des problèmes. La partie de la phrase « est dans la » indique que le mot suivant est celui d’une pièce. Dès que j’ai vu un des élèves chercher sur le carton de la maison, j’ai su que c’était gagné.
Ce que je veux dire par là c’est qu’avec ce jeu, les indices sont évidents et faciles à trouver, donc les élèves peuvent y recourir à leur gré. Je me suis même aperçue qu’il fallait les y inciter. Comme déjà dit, les élèves enfermés dans la combinatoire ne se donnent pas le droit à d’autres stratégies, sinon ils ont l’impression de ne pas « remplir le contrat » de la bonne méthode de lecture.
Le principe est le même avec le nom des objets. Du coup, tout change. Les enfants ne sont plus centrés sur le déchiffrage, se font davantage confiance, étendent leur lexique orthographique, accèdent enfin à la compréhension et y trouvent du plaisir. Au fil des fiches, les mots étaient (enfin!) reconnus dans leur globalité et la fluidité de lecture s’en est trouvé améliorée.
Ensuite, l’implicite et la logique interviennent dans certaines fiches. Pour travailler la compréhension, même au CP, c’est génial.
Déroulement des séances en remédiation
Ou en groupes de soutien !
Dans un premier temps, j’ai laissé les élèves se débrouiller seuls, afin de les obliger à chercher des indices pertinents. Mes groupes ont ainsi enchaîné cinq à six fiches-consignes. Puis, pour vérifier la mémorisation des mots les plus utilisés, autant que pour la renforcer, nous avons fait une séance d’encodage : le nom des pièces de la maison, le nom des objets etc. J’ai ensuite fabriqué un jeu de cartes avec ces mots, pour ancrer davantage l’acquisition du lexique orthographique. Les activités proposées avec ce type de matériel sont toujours les mêmes : jeu des paires, loto mobile, lecture flash, jeux d’encodage etc. Si vous ne savez pas en quoi tout ça consiste, je vous invite à consulter mes articles traitant des confusions de sons (catégorie CE1).
Pour finir, nous avons repris le jeu avec le reste des fiches-consignes. Les progrès étaient très nets.
Utilisation en autonomie
Tous les élèves ne sont pas en difficultés, heureusement ! Pour autant, ce matériel peut être utilisé en autonomie car la durée nécessaire pour finir une fiche est relativement courte. Il faut juste que l’élève puisse contrôler ses placements, c’est pourquoi j’ai établi des fiches-réponses, que vous trouverez ci-dessous.
Le jeu de la maison
Le principe est le même sauf que cette fois, ce sont des personnages qu’il faut placer dans une maison qui comporte cinq pièces, plus le garage. À la fin, un des membres de la famille n’ayant pas été cité, il faut trouver lequel reste dehors.
Les textes sont ici beaucoup plus simples et conviennent mieux pour des « jeunes » CP. Je n’ai pas créé d’autres fiches que celles proposées sur l’école de Crevette. Si vous en voulez d’autres, allez voir chez dans mon cartable, où on vous propose de nouvelles cartes.
Par contre, j’ai retravaillé l’aspect de la maison et trouvé d’autres personnages, plus rigolos à mon goût. Tout ça est disponible ci-dessous.
jeu de la maison personnages jeu de la maison
Bonjour
Je découvre votre site … un très grand merci pour ces jeux qui seront mis en place dans ma classe de CP.
Pour ma part, mais n’y voyez aucune critique, pour le jeu de la maison logique , je vais refaire la maison afin d’utiliser une police sans embase et sans effet d’arc de cercle pour mes dys et sans dégradé pour mon élève daltonien.
Merci pour cette inspiration !
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Bonjour Sandrine,
Pas de souci, je comprends bien l’attention que vous portez à chacun de vos élèves, c’est tout à votre honneur.
Et merci pour votre commentaire.
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Super ton travail, ça m’intéresse si tu fais d autres fiches. Je vais peut-être en faire également.
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Merci Cricri, OK, je vais me pencher sur la question.
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Merci pour le partage de ces super jeux qui me rappellent le travail que je faisait à l’oral en anglais !
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Super, merci Kichris, d’autres sont en préparation pour les semaines à venir. A bientôt alors !
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