Parallèlement aux activités autour de la maquette (ou avant, c’est mieux!), travailler l’angle de prise de vue va beaucoup aider les élèves à comprendre la notion de plan.
Dans l’article précédent , il était question de jeux de déplacements avec la maquette de la classe. L’objectif est bien-sûr d’arriver au plan. Mais avant, il faut préparer les élèves à comprendre la notion d’angle de prise de vue, et surtout la leur faire vivre. Dans le cas présent, c’est surtout la vue du dessus qui nous intéresse mais on ne saurait s’en contenter si on veut élargir les perceptions spatiales des élèves.
Les activités présentées ci-dessous doivent être menées avant le montage de la maquette, ou dans la même période.
Repérer l’angle de prise de vue avec une série d’objets
1 Le matériel
Choisissez 5 à 6 objets assez volumineux de votre classe, que vous êtes sûr(e) d’avoir toujours sous la main, d’une année à l’autre. Sans quoi vous devrez recommencer tout le travail. Pensez d’autre part à varier leur forme. Par exemple un objet cylindrique, un parallélépipède, une sphère etc.
Ensuite, prévoyez un grand carton pour faire un fond : il ne doit y avoir aucun élément perceptif en arrière plan pour aider les élèves à trouver l’angle de prise de vue. Une fois vos objets placés, vous n’avez plus qu’à tourner autour pour photographier la composition sous tous les angles possibles : pensez pour chacune de vos positions à faire une vue frontale et une vue en plongée. Vous pouvez également faire varier l’éloignement. Et bien-sûr, n’oubliez pas la vue du dessus, ce serait ballot ! Ci-dessous, un exemple réalisé chez moi car je n’ai pas trouvé trace de mes anciens clichés sur ma clé.
Photocopiez vos clichés en format A4 pour plus de visibilité en classe.
2 Le déroulement des séances
Se servir du cliché pour trouver l’angle de prise de vue
À l’aide de vos photos, vous reformez la composition au plus juste avant la séance, en la plaçant à un endroit visible par tous, et de manière à pouvoir tourner autour. Puis vous montrez un cliché aux élèves en expliquant qu’ils vont devoir retrouver votre emplacement au moment du cliché. « Ce qu’on appelle l’angle de prise de vue ». L’élève qui se propose prend la photo et tente de se placer selon le point de vue du photographe. 3 ou 4 élèves iront ensuite confirmer ou infirmer. Si la réponse est bonne, il faut faire verbaliser : « Tu te trouvais juste en face, à la même hauteur que les objets ». Ou bien : « L’appareil était plus haut que les objets ».
Une fois que la règle est comprise, vous distribuez un cliché pour 2 ou 3 élèves. Chaque groupe ira à tour de rôle repérer l’angle de prise de vue, se fera confirmer la position par un autre groupe, et donnera les indications verbales adéquates.
Trouver le cliché correspondant à la position du photographe
Une fois que tout le monde est passé, vous faites échanger les photos dans les groupes. Puis vous vous placez selon un angle précis et demandez quel groupe possède la photo correspondante. Celui qui pense l’avoir vient vérifier. À ce stade, les élèves sont normalement capables d’évaluer eux-mêmes s’ils se sont trompés.
La séance suivante
En amont de cette séance, vous aurez préparé 2 autres compositions avec des objets de la classe disponibles en nombre : par exemple un pot de feutres si vous en avez plusieurs identiques, un manuel, un pot de peinture, une boîte en plastique, 2 craies etc. Pour chaque composition, vous aurez pris 4 à 5 clichés, selon des angles différents, que vous aurez photocopiés sur une même feuille. Les documents ci-contre et ci-dessous me servent actuellement dans mes groupes de remédiation.
Les élèves travaillent en groupes. Ils ont en main la feuille de clichés et doivent s’en servir pour aller chercher les objets nécessaires, puis reproduire la composition. Il n’y a plus ensuite qu’à vérifier la similitude des placements d’un groupe à l’autre.
Le même travail sera effectué avec la deuxième composition.
Retrouver l’angle de prise de vue avec les photos de la classe
Vous allez ensuite réaliser le même genre de séance avec des photos de la classe. Pensez à varier la hauteur de vos prises de vue.
Une séance complète sur la vue du dessus
Quand les élèves ont bien compris le concept d’angle de prise de vue, vous allez consacrer une séance complète à la vue du dessus. Vous commencerez par réutiliser les objets de la première composition. Pour chacun d’eux, vous aurez préparé une série de cartes avec des formes géométriques dont certaines représenteront les faces de l’objet. Puis vous les affichez au tableau, à côté d’un cliché qui ne montre pas l’objet de face.
Par exemple pour la boîte à cœurs de ma composition :
L’objet est observé un moment puis posé à un endroit visible par tous. Ensuite vous demandez : « Si je me place en face de ce côté, à la même hauteur, quelle forme parmi celles du tableau verrai-je ? » Les élèves notent leur proposition sur l’ardoise, on vérifie les réponses et on argumente à propos de celles qui ne semblent pas justes.
Le même travail est effectué pour toutes les faces et on termine par la vue du dessus.
Il est particulièrement intéressant de faire la même chose avec un objet cylindrique car l’élève va faire l’expérience de la différence entre la perception mentale de l’objet et ce que ses yeux lui donnent à voir pour la vue frontale. On sait que l’objet est « rond » et pourtant on ne voit que des rectangles, qui sont toujours les mêmes si on garde la même distance. Quant à la vue du dessus, c’est bien-sûr un disque.
Après trois ou quatre exemples de ce type, vous allez faire la même chose avec les meubles de la classe. Des fiches-formes géométriques seront aussi affichées au tableau. Évidemment, on ne pourra vérifier la vue du dessus, on ne peut que l’imaginer. Vous allez ensuite concentrer les recherches sur cette vue du dessus.
Enfin, la séance se termine par une fiche de travail comme celle-ci. Il ne s’agit là que d’un extrait.
La fiche complète à télécharger ci-dessous.
Faites-vous ce genre de travail avec votre classe ? Si d’autres idées émergent, les partager pourrait enrichir la pratique de chacun.
Cérianthe en classe 