Au chapitre des confusions de sons, je vous propose aujourd’hui une petite balade au pays des td, ou des dt avec, comme d’habitude, du matériel d’entraînement et un grand jeu final.
Cet article étant assez long, ne perdons pas de temps en bavardage, allons-y directement.
Amorce par l’encodage
Cette fois, pas de cartes-mots au démarrage ! J’ai décidé de varier avec une entrée par l’encodage. Pour ça, j’utilise les images du Dixit. Outre qu’elles sont très jolies, elles ouvrent à l’imaginaire et sont parfois foisonnantes de détails.
Je présente donc une carte et laisse les élèves s’exprimer sur ce qu’ils ressentent et ce qu’ils voient. Ensuite, je leur demande de chercher des mots relatifs à l’image, contenant le son [t]. Chaque mot trouvé est aussitôt répété, séparé oralement en syllabes puis encodé. Enfin, on effectue les mêmes recherches avec [d].
Par exemple avec celle-ci, on peut nommer : toit, tuile, fenêtre, lanterne, antenne, tapis, métal pour le [t] et lampadaire, regarder et dessous pour [d]. Les élèves aiment beaucoup cet exercice et c’est toujours à celui qui en trouvera le plus.
Avec celle-là, peu de mots en [d], je n’ai trouvé que dos. Mais il y a lanterne, carte, trésor, pirate, ceinture, tailleur, autour.
Il est bon je pense de sélectionner quelques cartes avant la séance, qui vous donneront un panel suffisant de mots. Ensuite vous pouvez laisser faire le hasard.
Jusque-là je n’avais jamais utilisé la méthode Borel-Maisonny mais j’y viens petit à petit parce que je me rends compte, dans le cas des confusions de sons, que ça peut vraiment aider les élèves. La phase suivante, celle de l’entraînement, se fera donc avec ce recours.
NB : J’ai trouvé de très jolies cartes des gestes, bien illustrées et bien expliquées sur ce site, je vous encourage à aller le visiter, c’est une mine ! http://lire-ecrire-compter.com/?s=cartes+borel&submit=Rechercher
Phase d’entraînement
Avec la gestuelle Borel-Maisonny
Nous commençons par apprendre les gestes des [t] et [d] avec le support des cartes illustrées citées plus haut, puis nous nous y exerçons de façon orale. J’énonce un mot et les élèves font le geste qui correspond.
Ensuite nous passons à la phase visuelle au moyen de cartes-mots. Les cartes [d] et [t] sont mélangées et mises en tas, faces cachées. Dans un premier temps, c’est moi qui les retourne. Les élèves doivent repérer la lettre t ou d et faire immédiatement le geste correspondant. Puis le mot est lu.
Jeux avec les cartes-mots et les cartes-syllabes
Les cartes sont ensuite réutilisées de façon plus ludique. Je suis toujours émerveillée par l’implication des élèves dans ce type d’activités : ce ne sont après tout que des mots à lire pourtant dès que je prononce le mot « jeu », je suis certaine de remporter l’adhésion du groupe. C’est presque magique !
Mais avant d’aller plus loin, il me faut présenter le matériel. Il y a d’abord deux séries de cartes-mots composées de la même façon à savoir : douze syllabes présentes chacune dans quatre mots. Pour [d] : da, de, di, do, du, dé, deau, don, deur, dou, dan et doi. Pour [t] : ta, te, ti, to, tu, té, teau, ton, teur, tou, tan et toi. À ces cartes sont associées des cartes syllabes c’est à dire que chaque mot possède sa carte-syllabe.
cartes t cartes d cartes syll t cartes syll d
Avec tout ça, vous allez pouvoir proposer tout un tas de jeux :
Les syllabes gagnantes
Les étiquettes-syllabes sont mélangées puis neuf d’entre elles sont étalées sur la table. Les cartes-mots doivent être empilées et retournées faces cachées. Le premier joueur lance le dé. Le joueur qui suit tire autant de cartes-mots que de points sur le dé et c’est lui qui les lit. Le lanceur de dé doit repérer à l’oreille la syllabe contenant [t] ou [d], la nommer puis la chercher parmi celles étalées. Évidemment, elle n’y est pas forcément. S’il la repère et qu’il ne s’est pas trompé, il gagne la carte-syllabe. Quand il a terminé son tour, la grille des cartes-syllabes est complétée puis le joueur suivant peut lancer le dé. À la fin de la partie, celui qui a obtenu le plus de cartes a gagné.
La variante suivante est plus centrée sur l’encodage. Ici, on n’a plus besoin des cartes-syllabes. La règle est la même mais le lanceur de dé doit écrire sur une ardoise la syllabe entendue qui contient [t] ou [d]. A chaque bonne réponse, il gagne un jeton.
La pêche aux mots
Ici on fait le contraire : ce sont les cartes-mots qui sont étalées sur la table et les cartes-syllabes sont empilées faces cachées. Le premier joueur tire une carte-syllabe et la lit sans la montrer. Celui qui suit doit trouver un ou plusieurs mots parmi ceux étalés contenant la syllabe énoncée. Il récupère la ou les carte(s) si la réponse est bonne, la grille de mots est complétée et on passe au joueur suivant.
Vous pouvez apporter la variante de la rapidité. Dans ce cas, tous les joueurs cherchent des mots (en dehors de celui qui a lu la syllabe). Chacun dispose de quatre jetons et le premier qui aura posé son jeton sur le mot remportera celle-ci. Il convient cependant d’être prudent avec ce type d’activité. Je ne le fais pas s’il y a une trop grande hétérogénéité de niveau entre les élèves, afin de ne pas léser les plus fragiles.
Les familles de mots
J’ai déjà proposé maintes fois ce jeu. Pour ne pas me répéter, je vous renvoie ici pour les explications.
Les faux jumeaux
Ce jeu s’apparente à celui des paires, dont vous trouverez les règles ici. Sauf que cette fois, il faut appairer les cartes-mots avec des faux jumeaux : un dou avec un tou, un toi avec un doi etc. C’est excellent pour la différenciation des deux sons.
Grand jeu final
Il s’agit d’un jeu de piste avec des cartes-consignes.
Présentation
Pour la piste, je vous renvoie à cet article qui propose une piste vierge, utilisable quel que soit le jeu.
Les cartes sont réparties en six consignes avec dix cartes par consigne (parfois plus pour ne pas laisser une page blanche en fin de fichier…)
L’élève doit compléter le mot en le recopiant sur une ardoise. Mon habitude est la suivante : dès qu’il faut écrire, tout le monde joue. Le lanceur du dé avance d’autant de cases que de points sur le dé si sa réponse est bonne, les autres d’une seule case.
Ici, il faut écrire le mot correspondant à l’illustration. Je me suis évidemment arrangée pour que chacun contienne un t ET un d, ou deux d. Il y a ordinateur, dromadaire, dentiste, dompteur, timide, dînette, docteur, attendre, conducteur et crudités.
Le mot doit être lu sans erreur. Là aussi, les deux sons travaillés sont souvent présents dans un seul mot et ceux-ci sont un peu plus complexes au décodage que pour la phase d’entraînement.
Évidemment, l’élève doit lire la phrase en ne commettant aucune confusion t/d.
Ce sont des cartes-devinettes. Les élèves doivent deviner le mot et l’écrire.
Quand on tire une carte de ce type, il faut trouver un mot contenant la syllabe et l’écrire. Si tout le monde bloque, vous pouvez en proposer un vous-même.
Règle du jeu
Les cartes sont mélangées et empilées face cachée sur la table. Le premier joueur tire une carte et tente de répondre à la consigne. Si sa réponse est bonne, il lance le dé et avance d’autant de cases que de points sur le dé.
Je m’étais promis de ne jamais jouer à la « vieille » mais là, quand-même ! Je suis quotidiennement interloquée par des difficultés et des confusions auxquelles j’étais peu ou pas du tout confrontée quand j’avais ma classe. Dorénavant, quand je démarre avec un groupe réputé avoir des difficultés de décodage, je commence par proposer l’as des mots (voir ici), ou le jeu de l’escargot (http://zedrarazed.blogspot.com/2014/06/lescargot-qui-lit.html#more). Pendant que les élèves jouent, je relève évidemment les difficultés de lecture et je vous assure, c’est affolant ! La confusion t/d, je n’ai jamais eu à la traiter avant de travailler en RASED.
Ensuite, quand je rencontre les parents, je comprends que la source du problème est souvent (pour ne pas dire essentiellement) d’ordre communicationnel. Quel vilain mot pour dire qu’il y a grave carence de communication entre parents et enfants ! Combien j’en entends m’expliquer qu’ils n’ont pas le temps parce qu’ils travaillent dur, qu’ils partent tôt et rentrent tard. Soit ! Dans le contexte socio- économique actuel, on ne peut que ressentir de l’empathie devant les difficultés de certaines familles. Pour autant, rappeler à celles-ci quelques vérités n’est pas inutile. Comme par exemple la nécessité de véritables échanges, de personne à personne, sans passer par l’intermédiaire de la tablette ou de l’ordinateur. Ou le bienfait incommensurable de jouer une heure aux petits chevaux avec ses enfants. Une heure dans un week-end, c’est à la portée de chacun et la qualité des échanges compense à elle seule la quantité. Voilà ce que je martèle à chaque rendez-vous !
Tout est dit !
J’aimeJ’aime